Focalisation et délocalisation

 

Une perception est toujours localisée. Que serait ce qu'une perception délocalisée ? Une ouverture à ce qui est, une espèce d'accueil perceptif à la globalité des phénomènes de l'instant. On confond bien souvent la pure conscience avec cette recherche de perception délocalisée. Il est vrai que dans la mécanique d'accueillir les perceptions présentes plutôt que dans la recherche de perceptions particulières, l'évocation de la conscience pure est plus prégnante.

 

Mais la réalité, la nature de la conscience pure ne se trouve pas dans la perception. La conscience n'est ni là, ni ailleurs, ni ici ni partout. On ne peut la trouver à aucun endroit défini. Elle est présence autant dans la localisation que dans la globalité. Il n'y a pas de différence de présence que la perception soit localisée ou plus vaste.

 

La recherche de conscience universelle omniprésente avec disparition de la conscience revient à rechercher un état de globalité irréel. Aussi vaste soit les perceptions celles-ci auront toujours des limites. Ces limites sont perçues par la conscience pure qui elle est sans limite. Le terme même de limites n'a aucun sens sur le plan de la conscience. La notion de forme, de caractéristiques de qualificatifs n'ont aucun sens sur le plan de la conscience. La croyance en chaque définition que l'on peut mettre de la conscience la dénature et nous en écarte. La conscience ne peut que se vivre.

Tout terme et qualificatif rempliront leurs fonctions uniquement par le pouvoir évocateur qu'ils ont de la conscience.

 

 

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De quoi sont faites les perceptions, comment fonctionnent-elles ?

 

Tout ce qui est perçu peut être ramené à la sensorialité ceci en intégrant la fonction mentale à un sens, le sixième sens.

Si on part du point de vue que les phénomènes ont une pré- existence à la conscience individuelle, ils n’ont d'existence malgré tout pour l'individu que dès lors qu'ils sont perçus par ce même individu. Ils sont perçus à partir des sens de ce même individu. Si on part du point de vue que les phénomènes n’existent uniquement que parce que c'est la conscience qui les fait émerger là encore, la connaissance des phénomènes passe par la sensorialité.

Cette sensorialité passe par le corps physique, par les sens. Tout ce qui est perçu à travers les sens est forcément limité.

On pourrait croire que l'on atteint la conscience pure dès lors que tout ce qui existe est perçu. Dans cette pensée, l'idée est que tout ce qui existe appartient non seulement à l'individu que je suis (avec conscience, inconscience, subconscient etc.) mais aussi à tous les autres individus que je ne suis pas et tous les phénomènes qui me paraissent exister sans que je les perçoive directement. Si l'on regarde de près cette pensée c'est impossible. Cela voudrait dire que toutes les perceptions réparties dans tous les individus existants pourraient être perçues à partir d'un seul individu. Que toutes ces perceptions perçues dans la multiplicité pourraient être perçues directement par un seul petit « objet » : un individu unique. La façon dont est fabriqué l'individu ne lui permet pas cela. Cela montre que la recherche de l'illimité dans les phénomènes est absurde.

 

Une autre pensée est celle de se croire conscience certes mais conscience individuelle c'est-à-dire limitée. Cela part du postulat qu'il existe plein de consciences individuelles au sein de la pure conscience.

En fait quand je crois à cette pensée, je me sens, je me vis conscience mais je lui surimpose une idée : cette idée est une forme de limitation. Celle-ci peut être une image dans la tête, celle d'un corps (que je dis être mon corps, nouvelle pensée), celle d'une forme plus ou moins géométrique comme une espèce de lasso qui encerclerait cette conscience individuelle ou tout autre forme née de mon imaginaire. Une autre image peut être celle d'une vision d'un paysage imaginaire, d’un lieu  au sein duquel il y a des formes humaines dont  une serait la mienne et les autres celles des autres humains. Il peut également s'agir du simple mot » conscience » dont l'image associée au vécu vient le limiter. Dès lors que l'on réalise l'attention portée sur ces pensées mentales, celles-ci peuvent s'écarter ne laissant que le vécu direct de la conscience.  Dans ce vécu direct il n'existe pas de conscience individuelle ni de conscience collective ni de globalité de conscience. Il existe un vécu de conscience sans aucun qualificatif. ce vécu est le même qu'il existe ou non des perceptions et il est de notre nature intime et permanente.

Dès lors les phénomènes n’existent que par la conscience qu'il y a d'eux. Parler de quantité de conscience ou de localisation de conscience devient un non-sens.

On réalise enfin que conscience individuelle, conscience témoin, conscience pure ne sont que des concepts d'une seule réalité dénommée communément conscience mais réellement innommable.